LES PERSONNES PRÉSENTES

Consortium 100 % Transition

Catherine Bitauld – En charge de l’ingénierie pédagogique au CFP Presqu’île
Sara Gamendia – chargée de R&D et de mesure d’impact à OIM
Olivier Lenoir – Co-fondateur d’Osons Ici et Maintenant
Soizic Lenoir – Co-fondatrice d’Osons Ici et Maintenant
Jade Omer – Consultante chercheure et doctorante CIFRE chez Ellyx
Laura Ortiz Rouzé – Consultante chercheure chez Ellyx
Olivier Palluault – Gérant et consultant chercheur chez Ellyx
Laure Petitjean – participante au programme 100% transition à Lyon(promo 2020)
Kendra Ragoo – participante au programme 100% transition à Lyon (promo 2020)
Alexandra Sanchis – Responsable Services Supports Métiers à l’INSUP Bordeaux
Laura Vidoni – designer de services chez Ellyx
Chloé Weimer – responsable de programme 100% transition à Lyon

Personnes externes au programme

Guy Berthier – chargé de mission à l’union nationale des missions locales
(UNML)
Isabelle Beau – responsable des partenariats à la fondation Bellon
Mathieu Chaveneau – directeur exécutif de la fondation Libellud
Anne Guerin – idéographe
Emmanuel Henry – chargé de mission au pôle développement et ingénierie de l’agence nationale du service civique
David Knecht – directeur général de l’agence du service civique
Benoit Mounier – directeur des programmes à la fondation entreprendre
Maya Nakach – chargée de mission département de la stratégie-pôle PIC, DGEFP Ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion
Christian Tronchon – délégué national à la jeunesse au sein du Centre des Jeunes Dirigeants
Marine Weller – coordinatrice Ecole être Paris

Conseil scientifique et stratégique

Yannick Blanc – Président de Futuribles International,Vice-Président de la Fonda et ancien haut-commissaire à l’engagement civique
Laure Gayraud – Chargée d’études au Centre associé Céreqde Bordeaux

Quelques extraits des témoignages des jeunes de la promotion 2020 :
Perceptions des apports du programme

Grâce au programme, j’ai gagné en confiance dans le système, dans les autres. Je suis arrivée un peu enragée contre tout. J’avais beaucoup de rancœur contre l’État, la Mission locale, et tout ceux qui m’ont fermé beaucoup de portes. Aussi contre ceux qui disent que pour nous les jeunes, c’est facile parce qu’on n’a pas vécu la guerre, ceux qui dénigrent la jeunesse. Le programme m’a permis de m’apaiser.

J’ai gagné en self control, j’ai appris à gérer face aux imprévus, gérer mes émotions, gagner en autonomie. Je me suis redécouverte investie, rapide… A l’école, je n’ai jamais trouvé le goût du travail. J’arrivais, on m’expliquait la vie, je repartais. C’était très descendant et théorique et je me contentais d’écouter. L’école n’avait pas été chercher chez moi ces qualités pour me les révéler.

J’ai découvert plein de mes qualités que je ne (re)connaissais pas du tout.

Aujourd’hui, j’ai beaucoup plus confiance en moi. Je suis un peu gênée mais la Kendra d’avant n’aurait jamais osé venir devant vous.

Avant, je ne pouvais pas. Aujourd’hui je suis totalement capable de dire où je voudrais être dans 10 ans.

Avant d’intégrer le programme, je travaillais pour travailler car il fallait bien payer mon loyer. Ça n’avait pas de sens.

Au début, je me disais juste ‘Cool, grâce à ce programme tu vas gagner quelque chose à la fin du mois.’ En fait, j’ai gagné bien plus que de l’argent pendant ce programme.

Je me souviens très bien de la FAT (Fabrik à Talent-3 jours en début de programme) où l’on s’est tous retrouvés au même endroit, à savoir nulle part. Je me suis rendue compte que je n’étais pas seule à être perdue et que ce n’est pas grave de l’être. Ça a vraiment été un moteur !

Quels premiers éléments d’analyse retirer des entretiens réalisés avec les jeunes de la promotion 2020 du programme ?

Par Laure Gayraud

  • un vécu homogène et partagé par l’ensemble des jeunes dans le programme

  • une reconnaissance et une approche adaptée pour les jeunes sur la prise en compte et la gestion globale de leurs  problématiques au sein du programme (en construisant un entourage adéquat qui vient à la rencontre des jeunes et  sans seulement les « orienter vers un autre acteur spécifique »)

  • la confirmation de l’intention de proposer un « parcours sans couture » : pas de distinction pour les jeunes entre l’appui des organisme de formation et de OIM, vu comme une seule équipe d’accompagnement
  • la place centrale accordée aux valeurs d’accompagnement, comme la bienveillance et le sourire

  • une liberté de parole et pas de sujets tabous pour les jeunes auprès de l’équipe d’accompagnement

Les grandes caractéristiques de la promotion 2020 du programme ?

  • âge moyen de 20 ans avec 17% venant de QPV, 8% handicapés, 37% avec un niveau inférieur au BAC, 53% de niveau BAC, 10% de niveau supérieur au BAC

  • Sur les 101 jeunes accompagnés, 88 sont allés au bout du programme

Situation des jeunes, 3 mois après la fin de l’accompagnement

Les éléments encore à travailler :

  • la délimitation et la coopération dans les interventions du binôme d’accompagnement OIM/organisme de formation : renforcer l’approche « sans couture » tout en gardant des spécificités

  • un enjeu à former de manière plus intensive les tuteurs en structure d’accueil (organisations qui accueillent les jeunes en mission de service civique)

  • enjeu à mieux utiliser et à renforcer l’approche sur les compétences transversales en fil rouge tout au long du programme comme outil partagé entre les accompagnants sur les progressions des jeunes

  • mieux investir les activités de la transition écologique et sociale en professionnalisant les équipes sur ces enjeux et sujets

  • penser le rôle et instaurer une place pour des ambassadeurs du programme

La vision des organismes de formation dans le programme :

  • enjeu à faire évoluer l’offre de formation actuellement pensée dans une optique d’insertion socio-professionnelle (un projet réaliste et réalisable), sans prise en compte du projet de vie global : 100 % transition permet de travailler autour du projet de vie dons le projet professionnel ne constitue qu’une des 10 facettes travaillées)

  • importance de travailler le regard de la jeunesse sur les institutions

  • véritable crise professionnelle des acteurs de la formation avec le besoin de redonner plus de sens

  • repenser le savoir d’expérience qui doit être centré sur la capitalisation des expériences vécues (cette approche reste à inventer)

Le rôle des fondations et des entreprises :

  • le CJD veut s’orienter autour des enjeux de la jeunesse et de la planète, il a pour l’instant commencer à s’outiller : jeu de carte, formation des proviseurs…

  • le service civique offre la possibilité d’expérimenter et même de créer son propre métier avec le service civique d’initiative, ce qui inverse la vision traditionnelle d’une offre d’activité à laquelle il faudrait répondre (emploi, volontariat…) et peut inspirer le monde des entreprises dans leur manière de repérer des talents

  • enjeu à lier engagement pour l’intérêt général et expérience professionnelle

  • le lien entre les entreprises et l’insertion est un sujet très investi depuis plus de 20 ans

  • la fondation Libellud et le CJD peuvent aider à trouver des partenaires (entreprises) sur les territoires

  • les métiers de la transition peuvent aussi être des métiers qui existent depuis longtemps

Les enjeux autour de la poursuite du programme et son essaimage à plus grande échelle (R&D) :

  • si l’on souhaite viser une transformation et atteindre un véritable impact auprès de la génération concernée, il est nécessaire de passer de 300 jeunes à beaucoup plus et à davantage de territoires que les 8 actuels

  • ce passage à l’échelle ne pourra pas se réaliser sans les institutions et sans assurer l’appropriation de cette approche par les acteurs institutionnels et les acteurs de la société civile

  • objectif de transformer tous les enseignements et les bonnes pratiques qui ont été travaillés dans le programme dans des politiques, des accompagnements spécifiques, des formations qui infusent dans toute la Société

ATELIERS PROSPECTIVE ET INNOVATION :
ET APRÈS L’EXPÉRIMENTATION ?

Fort de ses premiers résultats, l’enjeu du programme 100% est d’imaginer la suite, à savoir formuler une solution structurante et globale au regard de la problématique sociétale (rôle de la jeunesse dans la transition et plus globalement le rôle de la jeunesse dans la Société). Dans cette partie, les éléments principaux et des pistes à explorer pour penser l’après-expérimentation du programme 100% transition dans chacun des 4 thèmes abordés sont résumés, ces éléments seront repris plus en profondeur dans le cadre de la démarche de R&D sociale.

A QUELLE(S) JEUNESSE(S) FAUT-IL S’ADRESSER ?

  • Le cadre (PIC) incite à s’adresser au public le plus précaire (jeunes NEET) avec le plus de besoin d’accompagnement
  • Compte tenu du besoin générationnel d’action face à la situation climatique (87% des jeunes de la génération des 18-30 ans s’estiment à part de la Société, contre 16% en 1957), le besoin d’universalisme semble être central. Autre élément d’éclairage dans ce sens, les 16-25 ans jugent à 75% l’avenir effrayant : extraits du livre ‘La fracture’ (Frédéric Dabi, ouvrage basé sur l’enquête Nouvelle Vague réalisée en 2021  par l’IFOP)

  • L’expérience 100% transition peut être appréhendée de manière plus transversale à différents  moments opportuns dans le parcours d’un adolescent puis d’un jeune adulte : pendant le stage de 3ème qui pourrait faire référence du début de projet professionnel et complété par une année de césure pour tester le service civique (nécessite de travailler en coopération avec l’éducation nationale)

TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE

Investir les métiers « verts » ou verdir les métiers ?

La transition écologique et sociale est entendue dans le programme comme « un processus long pour  transformer notre rapport au vivant (soi, l’autre, le monde) prendre soin de tous les humains dans leurs environnements »

  • qui peut viser des activités de
    – réparation (réparer les dommages causés par la dépollution, la restauration, l’action d’assistance ou d’urgence auprès des populations, etc.)
    – prévention (concevoir et penser les modes d’action pour ne pas causer de dommages écologiques et sociaux)

  • une pluralité de métiers en lien avec la transition écologique et sociale : des métiers qui existent déjà et qu’il va falloir faire évoluer et des métiers qui vont devoir être inventés

  • la génération plus jeune doit pouvoir trouver des alliés dans la génération actuelle

  • importance de penser de nouveaux indicateurs de valeur (autre qu’économiques et financiers)

  • accompagner les jeunes vers la transition écologique et sociale nécessite de partir des initiatives existantes comme support d’apprentissages et d’acquisition de compétences dans l’action car l’offre de formation n’existe quasiment pas ou seulement sur des filières très spécifiques de niveau plutôt BAC+3-5 (marketing, commerce…)

LA COMPÉTENCE EXPÉRIENTIELLE

Quelle reconnaissance dans la vie professionnelle ?

La transition écologique et sociale est entendue dans le programme comme « un processus long pour  transformer notre rapport au vivant (soi, l’autre, le monde) prendre soin de tous les humains dans leurs environnements »

  • besoin d’adapter les nouvelles compétences à l’évolution continuelle des organisations

  • un enjeu de valorisation autour du “savoir expérientiel” qui structure les relations et prend une place
    centrale.
    La formation et la vie ne sont plus construites par un parcours linéaire d’acquisition de compétences dans
    un premier temps, transmis étape par étape par une personne “sachante”

  • la personne qui a vécu une situation devient source d’expertise et peut devenir accompagnante. Par exemple : des jeunes ayant trouvé leur voie peuvent accompagner d’autres jeunes à la trouver

  • la grille utilisée dans 100% transition est la grille Rectec. Cette grille est le fruit d’un travail collaboratif de plusieurs années sur la conception d’un référentiel gradué de compétences transversales. Ces 12 compétences sont considérées comme transversales à un très grand nombre de métiers et environnements professionnels.
    Chaque compétence est appréciable, évaluable « en situation ». Une situation mobilise toujours plusieurs compétences combinées. L’évaluation se fait donc sur la base d’indicateurs contextualisés prédéfinis.

  • accompagner les jeunes vers la transition écologique et sociale nécessite de partir des initiatives existantes comme support d’apprentissages et d’acquisition de compétences dans l’action car l’offre de formation n’existe quasiment pas ou seulement sur des filières très spécifiques de niveau plutôt BAC+3-5 (marketing, commerce…)

La transition écologique et sociale est entendue dans le programme comme « un processus long pour  transformer notre rapport au vivant (soi, l’autre, le monde) prendre soin de tous les humains dans leurs environnements »

ÉDUCATION POPULAIRE ET ÉDUCATION NATIONALE

Indifférence ou coopération ?

  • importance d’identifier les lieux et les moments lors desquels l’éducation nationale et l’éducation populaire peuvent se croiser, voire d’intégrer des modules d’éducation populaire au sein du parcours classique de l’éducation nationale. Toutefois, il est nécessaire d’être vigilant à ce que cette complémentarité ne soit pas une remise en cause de la légitimité du corps enseignant dans le travail d’instruction et de transfert du savoir

  • le dispositif « cités éducative » qui vise à intensifier les prises en charges éducatives des enfants à partir de 3 ans et des jeunes jusqu’à 25 ans, avant, pendant, autour et après le cadre scolaire peut être une piste pour faire coopérer l’éducation nationale et populaire et devenir un terrain d’expérimentation à relier à 100% transition

  • il existe un réel besoin des acteurs d’être outillés pour coopérer

  • les moments d’ouverture existants et dispositifs repérés : stage de troisième, Maison des Étudiants, Maison du projet au Lycée, cours d’éducation civique et morale

Anne Guérin, idéographe, a permis de mettre en images la philosophie d’action de 100% transition et d’illustrer les réflexions de la journée. Cette illustration sert donc de conclusion et souligne les grands enjeux et points de discussions.